samedi 11 juin 2011

Aperçu avant impression

« Il y eut toujours dans ma nature un défaut capital : l’amour du fantastique, […] des entreprises ouvrant au regard des horizons illimités et dont personne ne peut prévoir l’aboutissement. »
                                                                                                                              Bakounine, Confessions
Là je dois dire qu’effectivement, Bakounine m’a très légèrement fait comprendre que lui et moi (à quelques siècles d’intervalle) étions emplis du même sentiment, celui qui nous donnait l’envie perpétuelle d’aller se découvrir ailleurs.
C’est après avoir très modestement visité la Californie, Londres, Rome, la Basse-Saxe que cette envie latente s’est réveillée lorsque l’occasion s’est présentée. Et ce n’est pas anodin si elle tombe à un moment de mon existence où je n’ai pas encore mûri. Alors cette fois, j’ai décidé de partir seule, sans personne que je puisse connaître, et quelque part où je pourrais effectivement ouvrir mon regard à des horizons illimités.
La Nouvelle-Zélande était un choix purement réfléchi, et je ris intérieurement quand on me dit pour me rassurer que « c’est pas comme si tu partais à l’autre bout du monde ». En soi, c’est juste, « c’est pas comme si », puisque si, c’est comme ça.
C’est excitant n’est-ce pas, de se dire qu’on va pouvoir découvrir autre chose, sans personne pour nous mettre des bâtons dans les roues, qu’on va devoir se débrouiller seul, chercher un endroit où passer la nuit sans avoir forcément un oncle où une tante pour nous héberger.
C’est excitant mais aussi très effrayant.
Mais je vais me découvrir, comme Bakounine l’a fait avant moi (pour des raisons qui nous opposent, entendons-nous) et comme beaucoup d’autres le feront après. Cette fois-ci c’est mon tour, et si je suis effrayée, c’est parce que je vois la solitude arriver à grand pas, je vois aussi le manque qui m’attend là-bas, le manque des moments que j’aurais pu passer avec vous, le manque des souvenirs que j’ai avec vous, le manque de vous.
Néanmoins, je remercie Internet et ce lien virtuel qui me fait croire que nous sommes ensemble, et ce blog est peut-être un moyen de communication unique qui vous permet d’avoir de mes nouvelles, mais qui me permet surtout de vous en donner.
Alors, allons-y, partons, car même si je m’envole seule, je vous emmène avec moi à travers cet écran qui nous sépare.
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I must admit that Bakounine made me understand that he and I had something in common, we both want to see what we ourselves are at the other side of the world, we both have that certain feeling.
So i went to travel in the US, in London, in Italy and in Vancouver but that hidden feeling that had always been inside me, came up at the right moment of my life. But this time, I’ve decided to travel all by my side, on my own, without anybody I could know...I didn’t choose New Zealand on a whim, and I still laugh silently when people try to put my mind at rest and say : “come on, don’t worry, you’re not about to go at the other side of the world”…well, I guess we are poles apart.
Isn’t it thrilling to think just for a moment that we’re able to discover something new, not to be prevented from anything, to manage to make decisions, to manage to find a place to sleep without any help.
Thrilling, but frightening though.
I’m going to find out who I really am anyway, just as Bakounine did (for different reasons though), and just as many people will after me. This time, that’ my turn and the reason why I’m scared is because I can see for miles that I’ll feel lonely, I can see for miles that I’ll miss those moments I shared with you and the ones I won’t share, I can feel I’m going to miss you.
I have to say that thanks to the Internet, we can draw a virtual link that’ll make me feel we are together. This blog may be the only way for me to keep in touch.
Why, let’s go, I assume I’m going to travel alone, but I take you with me, through this screen right in front of you, right in front of me.


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